12 novembre 2025
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Ancien grand reporter, Thomas Grimaux a jeté l’ancre aux Sables-d’Olonne pour réinventer le lien à l’autre. À bord de Ti-punch 007, son voilier retapé avec passion, il embarque des personnes fragilisées par la maladie ou le handicap pour des sorties en mer inclusives.
"On a tous, un jour ou l’autre, besoin d’un coup de main" . Cette conviction, Thomas Grimaux en a fait un cap. Aux Sables-d’Olonne, cet ancien reporter de guerre a lancé l’association Resilientia, un projet de voile inclusive pour embarquer celles et ceux que la vie a mis à l’épreuve. Son voilier, un Arpège de 1973 sauvé de la casse, devient un refuge mouvant où se croisent résilience, transmission et confiance retrouvée.
"Resilientia, c’est la résilience, en latin. Le fait de se remettre droit après avoir été tordu", explique Thomas, à bord du Ti-punch 007 amarré à Port-Olona, célèbre port du Vendée Globe. Pour lui, cette capacité à se redresser existe en chacun. Encore faut-il, parfois, un cadre, une main tendue, un souffle d’air libre pour l’activer.
Un voilier sauvé, une mission solidaire
Le Ti-punch 007 n’est pas un bateau comme les autres. Ce voilier mythique des années 70 a longtemps navigué au sein de la même famille avant d’être promis à la casse.
Ils n’arrivaient pas à s’en séparer, mais ne voyaient plus comment lui donner une nouvelle vie. Quand je leur ai parlé de Resilientia, ils ont accepté de me le confier.
Thomas GrimauxCréateur de l'association Resilientia et propriétaire du Ti-punch 007
Réparé avec l’aide des élèves du lycée professionnel Tabarly, ce voilier renaît pour accueillir à son bord des personnes confrontées à la maladie, au handicap ou à un accident de vie. Un travail collectif, au service d’un projet profondément humain. "La mer, elle ne ment pas. À bord, on est tous obligés de se faire confiance. C’est une vraie école de vie."
"Sur un bateau, on est tous au même niveau"
Ce jour-là, Élodie monte à bord pour la première fois. Présidente de l’association SEP a des rêves, qui œuvrent pour les personnes atteintes de sclérose en plaques à La Roche-sur-Yon, elle a été contactée directement par Thomas. Diagnostic posé il y a trois ans, elle vit désormais avec des troubles moteurs qui touchent ses jambes et ses mains, mais aussi son équilibre et son sommeil.
"J’avais déjà vu le voilier, mais jamais navigué. Aujourd’hui, c’est une grande première" , confie-t-elle avec un sourire. Très vite, le lien se tisse, les gestes se coordonnent. En mer, les rôles s’équilibrent naturellement. "On perd confiance en soi avec la maladie, glisse Élodie. Mais sur le bateau, on est tous égaux, au même stade. Même si Thomas a plus d’expérience, on agit ensemble."
Une expérience de vie à transmettre
Sous ses airs de capitaine taquin — "souvent on part à quatre, on revient à deux", plaisante-t-il lors du briefing sécurité —, Thomas cache un vécu dense. Quinze années passées sur les routes du monde, en tant que grand reporter indépendant dans des zones de conflit : Bosnie, Soudan, Proche-Orient… Toujours en immersion, toujours du côté de l’humain.
J’ai vu beaucoup de souffrance. Mais dans cette souffrance, toujours aussi de la dignité, du courage, de l’amour. Même dans les pires endroits, tu trouves quelqu’un qui se sacrifie pour un autre
Thomas GrimauxCréateur de l'association Resilientia et propriétaire du Ti-punch 007
Ce regard porté sur les autres irrigue aujourd’hui son engagement local, à mille milles de l’actualité brûlante.
"J’ai toujours été indépendant. Je partais parce que je voulais partir. Et je dormais avec les gens. C’est ce temps long qui m’intéresse, pas l’immédiateté."
La radio comme dernier espace de liberté
Loin de s’arrêter au rivage, Thomas a aussi fondé Radio Sables, une web-radio indépendante qui donne la parole aux habitants de Vendée : marins pêcheurs, entrepreneuses, artisans, acteurs du territoire. Les émissions y sont enregistrées à bord du voilier, dans l’ambiance feutrée de la cabine.
"La radio, c’est le dernier vrai espace de liberté. On n’est pas limité par le temps. Et c’est un média de proximité. Le son crée un lien intime, direct." Un clin d’œil aux premières radios pirates qui émettaient depuis des bateaux en Angleterre, bien avant l’arrivée de la FM.
Résilientia, un projet qui ne demande qu’à grandir
Aujourd’hui, Thomas poursuit son aventure avec humilité, déterminé à multiplier les sorties en mer, à faire naviguer son voilier comme un outil d’inclusion. Il l’assure : tout le monde est le bienvenu à bord. La seule condition ? La volonté de partager. "Quand on t’a tendu la main, à un moment, c’est à toi de la tendre aux autres."
Et s’il reste encore des réparations à faire sur le Ti-punch 007, l’essentiel est déjà là : un capitaine, un bateau, et une envie farouche de remettre les gens debout, voiles au vent.
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