08 novembre 2024
Isabelle Autissier, c’est d’abord un nom qui sent bon les embruns et les aventures maritimes. La navigatrice a une place à part dans le cœur des Français parmi les explorateurs et chez tous ceux qui s’attachent à défendre la biodiversité et les océans. Après une participation au Vendée Globe en 1996, elle s’est distinguée par ses combats sans relâche.
Depuis quatre ans, Isabelle Autissier est à la tête du conseil consultatif des TAAF. L’acronyme de « Terres australes et antarctiques françaises » peut sembler opaque au commun des mortels. Pour elle, ces bouts du monde que les skippers du Vendée Globe vont longer dans les mers du Sud, sont un horizon et la raison de ses engagements. Dans quelques semaines, elle sera à bord du Marion Dufresne, navire océanographique à vocation scientifique et logistique, pour rejoindre ces terres lointaines. En attendant, de passage aux Sables d'Olonne, Isabelle Autissier s’est confiée sur les pontons du Vendée Globe.
Vendée Globe :
Quels souvenirs gardez-vous de votre participation en 2016 ?
Participer au Vendée Globe, c’est quelque chose d’énorme, une superbe histoire. Je l’ai disputé lors d’une édition compliquée avec des drames, une disparition (Gerry Roufs)… Moi, j’ai cassé un safran, je me suis arrêtée en Afrique du Sud, j’ai abandonné, je suis quand même repartie et je suis remontée à la 2e place du Vendée Globe… Ici, on m’a accueilli comme si j’avais vraiment terminé. Chez les gens, c’est ça qui reste. Au-delà de la performance purement sportive, il y a dans cette course un esprit, un côté aventure humaine et c’est spécifique au Vendée Globe.
Vendée Globe :
Comment expliquez-vous la magie du Vendée Globe ?
Cette course pour les marins, c’est trois mois où tu t’abandonnes à la mer et c’est exceptionnel. Tu arrêtes de jouer comme sur terre, tu arrêtes de penser aux problèmes de la terre. Par ailleurs, tu as le sentiment de faire quelque chose d’extraordinaire, la certitude d’être dans un environnement poignant et d’avoir les yeux grands ouverts 24 heures sur 24 ! Et puis surtout, tu appartiens à l’océan. Ce n’est pas toi qui dictes les règles. Ce sont les éléments qui te guident, tu essaies de te frayer un chemin dans cette réalité. Et ça, c’est magique.
Vendée Globe :
Les marins parlent beaucoup de leurs attractions pour les mers du sud. Pourquoi avez-vous été attirée par ces terres australes ?
Parce qu’on tombe dedans ! Notre culture de marin est faite d'histoires des cap-horniers, des mers du sud, de Moitessier, des trois-mâts et on a envie de s’y confronter. Quand on est là-bas, c’est d’une beauté à tomber par terre. Il y a la lumière qui est rasante, un ciel et des nuages qu’on a nulle part ailleurs et puis les grosses vagues, les déferlantes… On y côtoie de la faune sauvage, des baleines, des albatros, des orques. Et puis humainement il y a le sentiment d’être non seulement seul mais loin. Thomas Pesquet, quand il est dans la station spatiale internationale, est plus proche que n’importe qui d’autres parce qu’il est à 400 km et les autres sont à 3000 km !
Source : Vendée Globe (Photo by Jean-Marie Liot / Alea)